Frank Mallet - Classica
De joyeux faits d’hiver. Avec Slutchaï (Faits divers) Oscar Srasnoy retrouve sur scène ce mélange d’humour et d’absurde (désormais sa signature) qui fit le succès de son Cachafas créé en 2010.
Sud Ouest
Peut-on faire un opéra de ces bribes de vie, de ces vignettes à la fois acides et somnambuliques tracées par Danill Harms dans le Lenigrad des années 1930 ? Christine Dormoy au livret et à la mise en scène, Oscar Strasnoy à la composition et à la direction choisissent d’affronter le coté décousu de “Slutchaï” en lorgnant du côté d’un théâtre musical travaillé avec rigueur et surtout absolument respectueux des voix.
Caroline Alexander -Webthea.com
Slutchaï ! Le titre de l’opéra qui vient d’être donné en création mondiale à l ‘Opéra National de Bordeaux, sonne comme un gros mot ou un appel à rassemblement. Il est la transposition phonétique d’un vocable russe désignant les faits divers dans le quotidien de petites gens sans importance. Strasnoy leur a composé une musique aussi désarticulée que leurs vies. Elle s’exprime dans la fosse avec un orgue, des percussions, un DJ de cabaret et sur scène où trois instrumentistes, un accordéoniste, un violoniste alto à la crinière en pétard entre dans la peau de divers personnages. La mise en scène en souligne l’assemblage hétéroclite, les saccades et les moments suspendus comme celui, émouvant, de la ballade de l’homme roux. Les effets vidéo sont judicieux, les mouvements de foule par un chœur remarquable de cohérence adroitement orchestrés.
Direct Matin
De tout temps la création d’un opéra à été un moment à part. Et celle de “ “Slutchaï” qui réunit ce soir au Grand Théâtre le compositeur Oscar Stranoy et la Cie Le Grain de Christine Dormoy autour du génial poète russe de l’absurde Danill Harms ne fera pas exception. Strasnoy a su donner du rythme , une matière contrastée et un élan qui siéent à merveille à l’univers de Harms, interagissant avec les solistes de l’ONBA dans la fosse, un DJ maniant 78-tours et bandes magnétiques, neuf chanteurs et trois solistes sur scène et le Chœur de l’Opéra pour de grand mouvement d’ensemble évoquant les sombres heures de la propagande soviétique outrancière. Mais c’est certainement ce mariage avec la mise en scène ambitieuse de Dormoy et la scénographie signée Philippe Marioge et son recours mesuré et intelligent à la vidéo qui donne à l’ensemble tout son souffle lyrique … On rit beaucoup – jaune souvent. Joli tour de force de Dormoy d’avoir su ”rester sur ce fil ” de la mécanique clownesque de Harms.