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khoom

Le Monde
18 septembre 2001
Pierre Gervasoni
«[…] Le mystérieux Giacinto Scelsi (1905-1988), lui, a laissé des abîmes à combler dans (et autour de) ses partitions, rédigées, dit-on, par un copiste. Pour un interprète qui veut faire acte de création, cette musique est bien plus qu’un fonds de commerce où exploiter des recettes. La Compagnie Le Grain, dirigée par Christine Dormoy, l’a une nouvelle fois démontré avec un magnifique agencement de treize pièces de Scelsi à la manière d’un opéra de chambre que le compositeur n’aurait livré que par fragments sans liens apparents.
Dès le prologue exposé dans le noir par le quatuor Parisii, on est gagné par un engourdissement transcendantal qui vaut aux sons une perception comme à travers les âges, avec source immémoriale, fixation tonale et projection spectrale. Un même vertige spatio-temporel accompagne le parcours des chanteuses de la compagnie, qui excellent dans l’incantation voyageant entre hier et aujourd’hui.»

Sud-Ouest
8 octobre 1998
Khoom, par Catherine Darfay
«Avec la compagnie Le Grain, le propos du théâtre musical est clair: il s’agit, non pas d’illustrer le chant, encore moins de déposer des notes au pied des images, mais de donner à voir comment la musique naït, comment elle se déploie et s’organise dans l’espace et dans le temps, comment, alchimique, elle transmue de voix à voix et de voix à instrument.
L’ambition n’est pas mince. Il y faut des interprètes aguerris, ce que sont assurément les instrumentistes du quatuor Parisii et les chanteuses du Grain, que n’effraient pas ni les micro-intervalles ni les lignes savantes de la musique de Scelsi. Il faut aussi y mobiliser toutes les ressources du théâtre: crescendos et descrescendos des lumières, contrepoint des corps dansants, gamme des couleurs sourdes, polyphonie des langues, effets de surprise, parfois, des images, comme la pluie de sel qui salue l’arrivée du percussionniste.
Marc Depond ou la multiplication soudaine des visages de l’énigmatique personnage central de “Khoom”... un conte du fond des âges tout bruissant d’un babil d’avant l’invention du langage.»