spectacles

Philophonie

Musique improvisée - Durée 60 min.

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D'après les conférences de Gilles Deleuze et Vladimir Jankélévitch

AVEC CHRISTINE DORMOY ET CHRIS MARTINEAU alto et voix ET UN INVITÉ EN MUSIQUE IMPROVISÉE piano (François Rossé), accordéon (Bruno Maurice) ou Julie Laderach (violoncelle)

Complicité artistique: Magali Berruet


© F. Desmesures
© F. Desmesures
© F. Desmesures
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Note d’intention

Fondation Beaumarchais 2007

Ecouter des enregistrements de conférences philosophiques de Deleuze, de Jankélévitch, écouter totalement pour de ne pas en perdre une bribe réécouter, être transcrire, en partition : le grain de la voix de Deleuze, son rythme ses silences, ses accents...la voix perchée de Jankélévitch, son tempo d’enfer, ses syncopes, ses spirales et ses ressassements. Le chemin de la pensée s’inscrit dans la vocalité. Une conférence philosophique est un corps qui avance dans la pensée.

Dès lors a commencé un travail de retranscription : notation des silences, des contretemps, des bredouillements des souffles, hésitations, toux, des variations des fréquences ou du timbre de la voix, d’un tempo particulier, parfois suivi d’une chute, d’un hiatus, d’une perte. Repérer comment la pensée progresse subito piano...comme un emballement suivi d’une patience profonde et d’une brusque lenteur : chez Deleuze la parole se renforce d’une rugosité méchante et se profère. Le cheminement vers le concept passe par une précipitation joyeuse pour aboutir à la brusque sentence d’un seul bloc vocal. Chez Jankélévitch au contraire, il faut entendre les ressassements et les spirales remonter au sommet et là autour du pic, il faut s’accrocher, à bout de branche, à bout de souffle, surgit une évidence qu’il énonce et abandonne dans les airs.

Pratiquer la philosophie, c’est la réinventer au présent. Dans ce présent à partager avec une petite assemblée de personne assis côte à côte et venus pour voir apparaître quelque chose, il y a une situation éminemment théâtrale, la partager.... Renouveler l’apparition de la pensée, avec des musiciens improvisateurs c’est remettre sans cesse l’ouvrage sur le tapis « au présent». Le présent notion centrale de toute représentation.

Sans la présence de spectateurs, ni philosophie ni musique improvisée n’auraient aucun sens. Aussi est-ce par des résidences ouvertes, comme une création en train de se faire, que s’écrit «philophonie».

Comme un dialogue « en train de se faire se tisse aussi le fil invisible que conduit Chris Martineau avec ses complices en musique improvisée. La musique s’élance vers la paroi du sens et s’y ressource.

Porosité entre l’oralité première et l’improvisation, Philophonie est un passage à inventer à chaque représentation.

L’improvisation devient le territoire de l’écriture, la captation possible de l’éphémère, la mise en forme dans l’instant du bouleversement de la pensée, le jeu et l’écriture se dérou-

lant en simultané avec pour seul guide, l’écoute. Nos propositions interviennent en contrepoint ou fusion, soulignent, introduisent ou prolongent, amènent au si- lence...Chacun développe un vocabulaire issu avant tout de son imaginaire ou paysage intérieur nourri de toutes les expériences et langages musicaux croisés, dans une dyna- mique de transformation et d’invention originale d’éléments nouveaux. Les idées musicales peuvent être déclenchées par différents paramètres : la musicalité d’un texte ou d’un mot, le timbre ou la rythmique de la voix qui les portent, leur sens, un thème, une référence... CHRIS MARTINEAU (TERRITOIRES DE LIMPROVISATION)

Production le Grain Théâtre de la Voix, Coproduction en cours.