C’est la naissance du théâtre musical de Luciano Berio qu’incarne ici Isabel Soccoja. La pièce commence comme un concert sur les partitions inspirées des mélodies popu- laires d’Arménie, d’Italie, d’Ecosse etc. Un à un, comme échappés d’une peinture naïve, entrent en scène quelques éléments : le vent se lève sur les voyelles de Martin Luther King, trois pommes passent Avec une pomme précisément, se joue Sequenza III, par- tition a capella déclinant, entre parlé et chanté, tous les registres du rire.
Sur le poème de Sanguineti, composé d’extraits de Joyce, Marx, Dante, Barthes et la Bible, la pièce radiophonique A-ronne agrandit ce « Jardin de la Parole » par une fresque vocale inven- toriant de A à Z « quoi du langage et quoi du corps ».
L’exploration des langages par Berio marque les années 60. A Milan, aux côtés de philo- sophes, de poètes, de compositeurs, il expérimente chez Cathy Berberian la façon dont le texte et le comportement vocal agissent l’un sur l’autre, à la manière de ce qui arrive dans le chant et le langage de tous les jours.Entre texte et «comportements vocaux», s’ouvrent alors des possibilités infinies du discours et du chant humains.
Berio, c’est, comme le disait Michel Guy : « le plus éclatant démenti au stéréotype qui voudrait que la musique contemporaine soit incompatible avec le plaisir.»
Une forme plus courte du spectacle, peut être présentée en matinée à un jeune public. Elle correspond au premier tiers du spectacle. Cette partie, la plus ludique, est un chemin pédagogique pour l’écoute.